II
 
 

Djebel Kébir














LE SAC ABANDONNÉ
Quel était le but du voyage ? 
Demandez-le aux hirondelles de mer.

Contre les grilles de la douane, un sac endure le crachin et le vent, abandonné, un sac de matelot, plus grand que la norme, un modèle étranger. Son fond a traîné sur bien des ponts, a raclé des quais de lointaines gares, car de nos jours on trouve des marins partout, même au djebel. Sur son flanc on peut voir un dessin représentant le vieux Poséidon à poil, avec une coquille Saint-Jacques pour dissimuler un phallus offensant. Un de ces jours quelqu'un le pillera puis le balancera à l'eau, à moins qu'il n'aille direct à la décharge.

Si, par impossible, vous aperceviez le dieu au trident sur son bout de toile essayez de l'alpaguer du bout d'un bâton. Au milieu de fringues moisies, pliées au carré, vous découvrirez un petit trésor s'il y est encore : des insignes de métal et quelques dollars d'argent qui récompenseront votre sauvetage. Avec un peu de chance, les cahiers manuscrits de Justin le marin sont peut-être encore là, tout au fond, dans une poche imperméable.

Vous ne pourrez pas vous tromper. Le premier cahier commence ainsi :

Quelle chaleur !
 

Guy Roves
Justin le marin



 
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